30 Juin 2013
Président Obama: Je vous remercie! (Applaudissements.) Je vous remercie beaucoup. Je vous remercie. (Applaudissements.) S'il vous plaît, s'il vous plaît, tout le monde prenez place. Bonjour Cape Town!
AUDIENCE: Bonjour!
PRÉSIDENT OBAMA: Thobela. Molweni. Sanibona. Dumelang. Ndaa. Reperile.
AUDIENCE: Reperile!
PRÉSIDENT OBAMA: Vous voyez, je me suis préparé. Comment trouvez-vous? (Applaudissements.) Ai-je oublié des gens? Bon, eh bien, je ne voulais laisser personne de côté.
Je tiens à remercier le vice-chancelier Max Price, qui est là, ainsi que l'archevêque Njongonkulu. C'est merveilleux de les avoir dans l’assistance.
Je suis si heureux d'être ici aujourd'hui. C’est magnifique de voir tous ces remarquables jeunes gens. Je viens d'avoir l'honneur d'aller à Robben Island avec Michelle et nos deux filles, cet après-midi. Et ce fut ma deuxième fois, j'ai eu la chance d’y aller en 2006. Mais il y avait quelque chose de différent en y amenant mes enfants. Et Malia est maintenant âgée de 15, Sasha de 12 - et de les observer entre les murs qui entouraient jadis Nelson Mandela, j’ai su que c'était une expérience qu'elles n'oublieraient jamais. Je savais qu'elles mesureraient maintenant un peu plus les sacrifices que Madiba et d'autres ont fait pour la liberté.
Mais ce que je sais aussi, est que parce qu'elles ont eu la chance de visiter l'Afrique du Sud pour la deuxième fois maintenant, elles comprennent aussi que l'esprit de Mandela n’a pu jamais être emprisonné - son héritage est là pour en témoigner. Cet héritage est représenté dans cet auditorium: les jeunes, noirs, blancs, indiens, tout le reste - (rires) - Vivent et apprennent ensemble dans une Afrique du Sud qui est libre et en paix.
Maintenant, évidemment, la santé de Madiba aujourd'hui pèse lourdement sur nos cœurs. Et comme des milliards dans le monde entier, le peuple américain et moi, avons tiré de la force de l'exemple de ce leader extraordinaire, et de la nation qu'il a changé. Nelson Mandela nous a montré que le courage d'un homme peut faire bouger le monde. Et il nous invite à faire des choix qui ne reflètent pas nos craintes, mais nos espoirs - dans nos propres vies et dans la vie de nos communautés et de nos pays. Et c'est ce dont je veux vous parler à tous aujourd'hui.
Certains d'entre vous le savent peut-être, mais en fait j'ai fait mes premiers pas dans la vie politique à cause de l'Afrique du Sud. (Applaudissements). C'est vrai. J'avais le même âge que certains d'entre vous - 19 ans, toute la vie devant moi. J'allais à l'école sur un campus en Californie - pas aussi joli que celui-ci - (rires) - mais semblable. Et je dois avouer que je n'étais pas toujours concentré sur mes études. (Rires.) Il y avait beaucoup de distractions. (Rires.) Et j'ai apprécié ces distractions.
Et en tant que fils d'un père africain et d'une mère américaine blanche, la diversité de l'Amérique était dans mon sang, mais je ne m’étais jamais pour autant senti intéressé par la politique. Je ne pensais pas que c’était important pour moi. Je ne pensais pas que je pouvais faire une différence. Et comme beaucoup de jeunes, je pensais que le cynisme - un certain détachement ironique - était un signe de sagesse et de sophistication.
Mais ensuite, j'ai appris ce qui se passait ici en Afrique du Sud. Et deux jeunes hommes, des représentants de l’ANC, sont venu sur notre campus et ont parlé, et j'ai passé du temps a écouter leur leurs récits. Et j'en ai appris sur le courage de ceux qui ont mené la campagne de désobéissance, et la brutalité portée contre des hommes, des femmes et des enfants innocents, de Sharpeville à Soweto. Et je me suis instruit sur le leadership de Luthuli, et les idées de Biko, et l'exemple de Madiba, et je savais que pendant que de braves gens étaient emprisonnés juste à proximité de ces côtes sur Robben Island, mon propre gouvernement aux États-Unis n’était pas de leur côté. C'est pourquoi je me suis impliqué dans ce qu'on a appelé le mouvement de désinvestissement aux États-Unis.
C'était la première fois que je me m’attachais à une cause. Ce fut aussi la première fois que j’eu à prononcer un discours. Il ne fut long que de deux minutes - (rires) - et j'étais seulement un intervenant en première lors d'un rassemblement que nous tenions exigeant que notre établissement se désinvestisse de l’Afrique du Sud de l'apartheid. Alors je suis monté sur scène, j'ai commencé à faire mon discours, et puis, un peu comme un théâtre politique, des gens sont montés sur scène portant des lunettes qui leur donnaient l’allure d’agents de sécurité et ils m'ont traîné hors de la scène. (Rires.) Heureusement, il n'y a aucun enregistrement de ce discours. (Rires.) Mais je me souviens avoir eu du mal à exprimer la colère et la passion que je ressentais, et à faire écho d’une certaine petite manière de la clarté morale des combattants de la liberté éloignés d’un océan.
Et je vais être honnête avec vous, à la fin de la manifestation, je ne pensais pas avoir fait la moindre différence - j'étais même un peu gêné. Et je me suis dit- Qu’est-ce qu’un groupe de jeunes étudiants en Californie, peut bien faire qui se solde par une différence? Je me sentais trop éloigné de ce que les gens vivaient dans des endroits comme Soweto. Mais avec le recul, quand je regarde ce jeune homme de 19 ans, je suis plus indulgent du fait que le discours n'avait pas été terrible, parce que je savais- je sais maintenant que quelque chose en moi s’agitait à ces temps, quelque chose d'important. Et c'était la conviction que je pouvais faire partie de quelque chose de plus grand que moi, que mon propre salut était lié à celui des autres.
C'est ce que Bobby Kennedy avait exprimé, beaucoup mieux que je ne pourrais le faire, quand il a prononcé un discours ici, à l'Université de Cape Town en 1966. Il dit: «Chaque fois qu'une personne défend un idéal, ou agit pour améliorer le sort des autres, ou lutte contre l'injustice, il envoie une petite vague d'espoir, et se croisant en provenance de millions de différents et audacieux centres d'énergie, ces vagues construisent un courant qui peut balayer les murs les plus puissants de l'oppression et du déni".
Bien entendu, le monde était très différent en ce jour de Juin 1966 quand Bobby Kennedy a prononcé ces mots. Mandela faisait face à de nombreuses années en prison. L’apartheid était enraciné dans ce pays. Aux États-Unis, les victoires du mouvement des droits civiques étaient encore incertaines. En fait, le jour même où Kennedy a parlé ici, le leader américain des droits civiques, James Meredith, était abattu dans le Mississippi, où il protestait pour demander le droit de vote pour les noirs.
Ces moments-là étaient difficiles, troubles, incertains. L'idée d'espoir aurait pu paraitre déplacée. Il aurait été inconcevable aux gens de cette époque - que moins de 50 ans plus tard, un président africain-américain pourrait prononcer un discours devant une assistance mixte, dans la plus ancienne université d'Afrique du Sud, et que cette même université aurait attribué un doctorat honorifique à un président, Nelson Mandela. (Applaudissements.) Cela aurait semblé impossible.
C'est le pouvoir qui vient d'agir sur la base de nos idéaux. C'est ce que Mandela avait compris. Mais ce n'était pas seulement les géants de l'histoire qui ont amené ce changement. Pensez aux plusieurs millions d'actes de conscience qui firent partie de cet effort. Pensez au nombre de voix qui se sont élevées contre l'injustice au fil des ans - dans ce pays, aux États-Unis, dans le monde entier. Pensez à combien de fois les gens ordinaires ont poussés les murs d'oppression et de déni, et à la violence et les humiliations dont ils ont souffert; le courage tranquille qu'ils ont maintenu. Pensez à combien de vagues d'espoir il aura fallu pour construire une déferlante qui allait s'écouler comme un fleuve puissant.
Donc, la vie de Mandela, comme la vie de Kennedy, comme la vie de Gandhi, comme la vie de tous ceux qui se sont battus pour instaurer une nouvelle Afrique du Sud ou une Amérique plus juste - se présentent comme un défi pour moi. Mais plus important encore, comme un défi à votre génération, car elles vous disent que votre voix compte - vos idéaux, votre volonté d'agir pour ces idéaux, vos choix peuvent faire une différence.
Et s'il y a un pays au monde qui montre la puissance des êtres humains à changer les choses, c'est celui-ci. Vous nous avez montré comment un prisonnier peut devenir président. Vous nous avez montré comment des adversaires acharnés peuvent se réconcilier. Vous avez confronté les crimes de haine et d'intolérance à la vérité et l'amour, et que vous avez écrit dans votre constitution les droits de l'homme qui soutiennent la liberté.
Et ce ne sont que les aspects les plus médiatisés de la transformation de l'Afrique du Sud, car à côté de la lutte politique en Afrique du Sud, d'autres batailles ont aussi été menées pour améliorer la vie de ceux qui depuis trop longtemps se sont vu refuser les opportunités économiques et la justice sociale.
Lors de mon dernier voyage ici en 2006, ce qui m'a tellement impressionné furent les bonnes œuvres de personnes sur le terrain enseignant les enfants, soignant les malades, en créant des emplois pour ceux qui en ont besoin. Dans le township de Khayelitsha – J’ai encore des efforts à faire sur quelques prononciations - (rires) - J'ai rencontré des femmes vivant avec le VIH. Et en ces temps en 2006, il y avait encore quelques défis en matière de politiques sur le VIH et le sida ici en Afrique du Sud. Mais elles étaient sur le terrain, luttant pour garder leur famille unie - s'entraider, travaillant pour les uns et les autres. A Soweto, j'ai rencontré des gens qui s'efforcent de préserver la mémoire d’Hector Pieterson. A la Bibliothèque Rosa Parks à Pretoria, j'ai été frappé par l'énergie des élèves qui voulaient propulser ce moment de promesse pour l'Afrique du Sud.
Et nous sommes dans un moment de grande promesse. L'Afrique du Sud est l'un des centres économiques du monde. Évidemment, vous pouvez le voir ici, à Cape Town. Dans le pays qui a vu la première greffe du cœur humain, de nouvelles percées sont réalisés dans le traitement du VIH / SIDA. Je viens de parler à votre vice-chancelier. Les gens viennent à cette université en provenance de plus de 100 pays, pour étudier et enseigner. En Amérique, nous voyons la portée de votre culture par les concert de "Freshly Ground" à la - (applaudissements) - nous avons la Nando juste quelques pâtés de maisons de la Maison Blanche. (Rires et applaudissements). Et grâce à la première Coupe du monde jamais organisée sur ce continent, le monde connaît maintenant le bruit de la vuvuzela. (Applaudissements.) Je ne suis pas sûr que ce soit comme le plus beau cadeau que l'Afrique du Sud ait jamais offert. (Rires.)
Mais les progrès se sont également fait sentir ailleurs sur le continent africain. Du Sénégal à la Côte d'Ivoire au Malawi, la démocratie a survécu à de sérieux défis.
Bon nombre des économies les plus dynamiques dans le monde se trouvent ici en Afrique, où il y a un changement historique qui se déroule, allant de la pauvreté vers l’établissement d’une classe moyenne naissante en croissance. Moins de gens meurent de maladies préventives. Davantage de personnes ont accès aux soins de santé. Plus d’agriculteurs portent leurs produits sur les marchés à des prix équitables. De projets de micro-finance à Kampala, aux opérateurs en bourse à Lagos, à des entrepreneurs de téléphonie cellulaire à Nairobi, il y a ici une énergie qui ne peut être ignorée – l’Afrique se réveille.
Nous savons néanmoins que ce progrès repose sur une base fragile. Nous savons que ces progrès sont inégaux. A travers l’Afrique, les mêmes institutions qui devraient être l'épine dorsale de la démocratie sont un peu trop souvent infectées par la gangrène de la corruption. La même technologie qui permet des profits records signifie parfois l'élargissement d'un canyon d'inégalité. La même interconnexion qui lie nos destins rend toute l'Afrique vulnérable aux conflits sous-jacents.
Donc il n'y a pas de doute que l'Afrique soit en marche, mais elle ne bouge pas assez vite pour l'enfant croupissant encore dans la pauvreté dans les townships oubliés. Elle ne bouge pas assez vite pour le manifestant qui est agressé à Harare, ou la femme qui est violée dans l'Est du Congo. Nous avons encore du travail à faire, parce que ces Africains ne doivent pas être laissés pour compte.
Et c'est là que vous intervenez- les jeunes de l'Afrique. Tout comme les générations précédentes, vous avez des choix à faire. Vous devez décider de quoi sera fait le futur. Pensez-y - plus de 60 pour cent des Africains ont moins de 35 ans. Alors cette démographie signifie que les jeunes vont déterminer le sort de ce continent et de ce pays. Vous avez le temps et le nombre de votre côté, et vous serez en train de prendre des décisions longtemps après que des politiciens comme moi aient quitté la scène.
Et je peux vous promettre ceci: Le monde va observer les décisions que vous prendrez. Le monde aura les yeux sur ce que vous ferez. Parce que l'une des choses merveilleuses qui se passe, est que là où les gens avaient l’habitude de voir seulement la souffrance et des conflits en Afrique, tout à coup, maintenant ils voient des opportunités pour les ressources, pour les investissements, les partenariats, pour l'influence. Les gouvernements et les entreprises du monde entier sont en train de jauger le continent, et prennent des décisions à savoir où investir leur temps et leur énergie. Et comme je l'ai dit hier lors d'un meeting à l’Assemblée à Johannesburg, c'est une bonne chose. Nous voulons que tous les pays - la Chine, l'Inde, le Brésil, la Turquie, l'Europe, l'Amérique - nous voulons que tout le monde prête attention à ce qui se passe ici, parce que cela reflète vos progrès.
Et je suis venu en Afrique pour ce voyage parce que mon pari est sur les jeunes qui sont le cœur de l'Afrique. Je parie sur vous tous. En tant que président des Etats-Unis, je crois que ma propre nation bénéficierait énormément si vous atteignez votre plein potentiel.
Si la prospérité est largement partagée ici, en Afrique, la classe moyenne sera un énorme marché pour nos produits. Si des démocraties solides prennent racine, cela permettrait à nos citoyens et entreprises de se rapprocher de vous. Si la paix l’emporte sur la guerre, nous allons tous être plus en sécurité. Et si la dignité de la personne est confirmée à travers l'Afrique, alors je crois que les Américains seront plus libres aussi, parce que je crois qu'aucun d'entre nous n'est totalement libre quand d'autres dans la famille humaine continuent de subir la contrainte de la pauvreté ou de la maladie ou de l'oppression.
Naturellement, l'Amérique est impliquée en Afrique depuis des décennies. Mais nous allons au-delà de la simple fourniture d'une assistance, l'aide étrangère, vers un nouveau modèle de partenariat entre l'Amérique et l'Afrique - un partenariat d'égal à égal qui met l'accent sur votre capacité à résoudre des problèmes, et votre capacité à croître. Nos efforts se concentrent sur trois domaines qui façonnent nos vies: les opportunités, la démocratie et la paix.
Alors d'abord, nous voulons un partenariat qui permette aux Africains d'accéder à davantage de possibilités dans leurs propres vies, dans leurs communautés et pour leurs pays.
En tant que plus grande économie du continent, l'Afrique du Sud fait partie d'un mouvement qui s'étend du sud au nord, d'est en ouest – de plus en plus d’économies africaines sont prêtes à décoller. Et l'accroissement du commerce et des investissements des États-Unis aura le potentiel d'accélérer ce mouvement - créant de nouveaux emplois et des opportunités des deux côtés de l'Atlantique.
Donc, je vais appeler à ce que l’Amérique élève son jeu quand il s'agit de l'Afrique. Nous avons réuni les chefs d'entreprise de l'Amérique et de l'Afrique pour approfondir notre engagement. Nous allons lancer de nouvelles missions commerciales, et promouvoir l'investissement par nos entreprises. Nous lancerons un effort à Addis pour renouveler la Loi sur la Croissance et les Opportunités, pour continuer de briser les obstacles à la croissance du commerce africain et, demain, je vais discuter d'une nouvelle initiative commerciale en Afrique pour développer nos liens à travers le continent, parce que nous voulons libérer l’énergie de l'esprit d'entreprise et des marchés, pour créer des opportunités ici, en Afrique.
C’était intéressant - hier lors de la réunion de discussion que j'ai eu avec un certain nombre de jeunes gens, les trois premières questions étaient à propos du commerce, parce qu'il y avait une prise de conscience de ces jeunes gens qui disaient: je veux bâtir une... veux initier quelque chose... Je veux construire quelque chose, et puis je veux vendre quelque chose. Maintenant, pour réussir, ces efforts doivent se connecter à quelque chose de plus grand.
Et pour l'Amérique, ce n'est pas qu'une question de chiffres sur une feuille de bilan ou de ressources qui seraient extraites du sous-sol. Nous pensons que les sociétés et les économies ne progressent qu’autant que les individus sont libres de les faire se mouvoir. Et tout comme la liberté ne peut exister lorsque les gens sont emprisonnés pour leurs opinions politiques, les véritables opportunités ne peuvent exister lorsque les gens sont emprisonnés par la maladie, ou la faim, ou l'obscurité.
Et donc, la question que nous nous posons est de savoir que faire pour propulser les africains au plan individuel?
D'une part, nous pensons que les pays doivent pouvoir se nourrir d’eux-mêmes; donc au lieu d’expédier de la nourriture en Afrique, nous aidons des millions de petits exploitants africains à faire un meilleur usage des nouvelles technologies pour cultiver le plus de terre. Et grâce à une nouvelle alliance entre gouvernements et le secteur privé, nous investissons des milliards de dollars dans une agriculture qui cultive plus de plantes, apporte plus de nourriture sur le marché, donne aux agriculteurs de meilleurs prix et contribue à faire sortir 50 millions de personnes de la pauvreté en une décennie. La fin de la famine, une industrie agricole prospère en Afrique – voilà ce à quoi ressemblent les opportunités. C'est ce que nous voulons construire avec vous.
Nous pensons que les pays doivent pouvoir se prévenir de maladie et fournir des soins à leurs malades. Et nos efforts pour lutter contre le paludisme et les maladies tropicales peuvent conduire à un objectif réalisable: mettre fin à la mortalité infantile et maternelle de maladies préventives. Déjà, notre engagement à lutter contre le VIH / sida a sauvé des millions, et nous permet d'imaginer ce qui était impensable par le passé: une génération sans sida. Et tandis que l'Amérique continuera à fournir des milliards de dollars en appui, nous ne pouvons pas progresser sans partenaires africains. Donc, je suis fier de constater que d'ici la fin de ma présidence, l'Afrique du Sud a déterminé qu'elle sera le premier pays africain à gérer pleinement ses programmes et traitements du VIH. (Applaudissements) C'est un énorme succès. La santé maternelle et des enfants en bonne santé, des systèmes de santé publique solides – voilà ce à quoi ressemblent les opportunités.
Et nous croyons que les nations doivent pouvoir connecter leurs citoyens aux promesses du 21 nième siècle. L'accès à l'électricité est fondamental aux opportunités aujourd’hui. C'est à l’éclairage que les enfants étudient; c’est l'énergie qui permet à une idée de se transformer en une véritable entreprise. C'est la ressource nécessaire pour que les familles puissent répondre à leurs besoins les plus élémentaires. Et c'est le lien qui est nécessaire pour brancher l'Afrique au réseau de l'économie mondiale. Vous devez avoir l’électricité. Et pourtant, les deux tiers de la population en Afrique subsaharienne n'a pas accès à l’électricité - et le pourcentage est beaucoup plus élevé pour ceux qui ne vivent pas dans les villes.
Donc, aujourd'hui, je suis fier d'annoncer une nouvelle initiative. Nous nous occupons de l'agriculture, nous nous occupons de la santé. Maintenant, nous allons parler électricité - Africa Power - une nouvelle initiative qui va doubler l’accès en électricité de l’Afrique sub-saharienne. La doubler ! (Applaudissements.) Nous allons commencer par investir 7 milliards de dollars de ressources du gouvernement américain. Nous allons travailler en partenariat avec le secteur privé, qui s’est engagé à contribuer plus de 9 milliards de dollars en investissement. Et en partenariat avec les pays africains, nous allons développer de nouvelles sources d'énergie. Nous allons atteindre plus de ménages non seulement dans les villes, mais dans les villages et les campagnes. Nous allons élargir l'accès pour ceux qui vivent actuellement hors des zones électrifiées. Et nous soutiendrons l’énergie propre pour protéger notre planète et combattre le changement climatique. (Applaudissements.) Alors, la lumière là où actuellement il y a les ténèbres, l'énergie nécessaire pour sortir les gens de la pauvreté – voilà ce à quoi ressemblent les opportunités.
Donc, c'est la vision de l'Amérique: un partenariat avec l'Afrique qui libère la croissance et le potentiel de chaque citoyen, et pas seulement quelques-uns au sommet. Et cela est réalisable. Il n'y a rien que je vous ai présenté qui ne puisse pas se produire. Mais l'histoire nous dit que le vrai progrès n'est possible que si les gouvernements sont au service de leur peuple, et non l'inverse. (Applaudissements.)
Si quelqu'un veut voir la différence entre la liberté et la tyrannie, qu'ils viennent ici, en Afrique du Sud. Ici, les citoyens ont bravé les balles et les coups pour obtenir le droit le plus fondamental: la capacité d'être libre, de déterminer son propre destin, dans son propre pays. Et l'exemple de Madiba s'étend bien au-delà de cette victoire. Maintenant, je l'ai dit hier à la rencontre - comme le premier Président des États-Unis, George Washington, il comprit que la démocratie ne peut être pérennisée que lorsqu’elle est plus importante qu’un individu spécifique. Donc, sa volonté de quitter le pouvoir fut aussi profonde que sa capacité à revendiquer le pouvoir. (Applaudissements.)
La bonne nouvelle est que cet exemple fait des émules à travers le continent. Nous le constatons par des élections libres et équitables du Ghana à la Zambie. Nous l’entendons par la voix de la société civile. J'étais au Sénégal et j’ai rencontré des groupes de la société civile, y compris un groupe appelé Y'en a Marre- (rires) - qui a contribué à défendre la volonté du peuple après les élections au Sénégal. Nous le remarquons dans des endroits comme la Tanzanie, où des SMS relient les citoyens à leurs élus. Et nous le renforçons lorsque des organisations défendent les principes démocratiques, comme la CEDEAO l’a fait en Côte d'Ivoire.
Mais ce travail n'est pas terminé- nous le savons tous. Pas dans les pays où les dirigeants s'enrichissent en toute impunité; pas dans les communautés où vous ne pouvez pas créer une entreprise, ou aller à l'école, ou avoir une maison sans avoir à payer un pot de vin à quelqu'un. Ces choses doivent changer. Et cela doit changer pas simplement parce que cette corruption est immorale, mais c'est aussi une question d’intérêt particulier et d'économie. Les gouvernements qui respectent les droits de leurs citoyens et l’état de droit ont de meilleures performances, une croissance plus rapide, et attirent plus d'investissements que ceux qui ne le font pas. C'est juste une évidence. (Applaudissements.)
Il suffit de regarder votre voisin, le Zimbabwe, où la promesse de la libération a fait place à la corruption du pouvoir, puis l'effondrement de l'économie. Maintenant, après que les dirigeants de cette région - menés par l'Afrique du Sud – aient négocié un terme à ce qui a été une crise de longue durée, les Zimbabwéens ont une nouvelle constitution, l'économie commence à se redresser. Il y a donc une possibilité de progresser - mais seulement s'il y a une élection qui soit libre, juste et pacifique, de sorte que les Zimbabwéens puissent décider de leur avenir sans crainte d'intimidation et de représailles. Et après les élections, il doit y avoir le respect des droits universels sur lesquels repose la démocratie. (Applaudissements.)
Il y a des choses que l'Amérique représentent - pas parfaitement - mais c'est ce que nous représentons, et c'est ce que mon administration représente. Nous ne disons pas aux peuples qui sont leurs dirigeants doivent être, mais nous en sommes avec ceux qui soutiennent les principes qui mènent à une vie meilleure. Et c'est pourquoi nous sommes intéressés à investir non pas dans les hommes forts, mais dans les institutions solides: des systèmes judiciaires indépendants qui peuvent faire respecter la primauté du droit - (applaudissements), les forces de police honnêtes qui peuvent protéger les intérêts des peuples au lieu de leurs propres intérêts, un gouvernement ouvert qui peut apporter de la transparence et de la responsabilité. Et, oui, c'est pourquoi nous soutenons la société civile - pour les journalistes et les ONG, et les organisateurs et militants communautaires - qui donnent au peuple une voix. Et c'est pourquoi nous soutenons les sociétés qui font la promotion des femmes - car aucun pays n’atteindra son potentiel s’il ne s'appuie sur les talents de nos femmes, de nos mères, nos sœurs et de nos filles. (Applaudissements.)
Juste pour éditorialiser ici une seconde, parce que dans le pays d'origine de mon père le Kenya - comme ailleurs en Afrique - vous voyez des femmes travailler sans être appréciée. Je vous le dis, vous pouvez mesurer à quel point un pays avance par la façon dont il traite ses femmes. (Applaudissements) Et partout sur ce continent et dans le monde, nous avons encore du travail à faire sur ce front. Nous avons des sœurs qui disent: "Amen." (Rires et applaudissements).
Mais je sais qu'il y a certaines personnes en Afrique qui m'entendent dire ces choses - qui voient le soutien de l'Amérique pour ces valeurs - et qui disent que c'est de l’ingérence. Pourquoi vous mêlez-vous de nos affaires? Je sais qu'il y a ceux qui soutiennent que des idées comme la démocratie et la transparence sont en quelque sorte des exportations occidentales. Je suis en désaccord. Les gens au pouvoir qui émettent ces arguments, le font généralement afin de tenter de détourner les gens de leur souffrance. (Applaudissements.) Parfois, ce sont les mêmes personnes qui derrière des portes closes sont prêts à vendre les ressources de leur propre pays à des intérêts étrangers, pourvu qu'ils obtiennent une quote-part. Je dis juste la vérité. (Rires et applaudissements).
Mais en fin de compte, je crois que les Africains devraient se faire leur propre opinion sur ce qui sert les intérêts africains. Nous faisons confiance à votre jugement, le jugement des gens ordinaires. Nous pensons que lorsque vous contrôlez votre destin, si vous tenez les rênes de vos gouvernements, ces gouvernements vont promouvoir la liberté et les opportunités, parce que cela va vous servir. Et ce n’est pas seulement l’Amérique qui devrait soutenir la démocratie - Les africains aussi devraient le faire. Donc, ici, en Afrique du Sud, votre histoire démocratique a inspiré le monde entier. Et grâce à la puissance de votre exemple et par votre position dans des organisations telles que la SADC et l'Union africaine, vous pouvez être une voix pour le progrès de l'humanité que vous avez écrit dans votre propre Constitution. Vous ne devriez pas supposer que c'est propre à l'Afrique du Sud. Les gens ont des aspirations similaires partout.
Et voici qui m'amène au dernier domaine dans lequel notre partenariat pourrait aider les gens - la recherche et la protection de la paix en Afrique. Tant que certaines régions d'Afrique continuent d'être ravagées par la guerre et le chaos, les opportunités et la démocratie ne peuvent pas prendre racine. Partout sur le continent, il y a des endroits où trop souvent la peur l'emporte. Du Mali à Mogadiscio, le terrorisme insensé pervertit trop souvent la signification de l'Islam - une des grandes religions du monde - et arrache la vie d'innombrables Africains innocents. Du Congo au Soudan, les conflits s'enveniment – privant hommes, femmes et enfants de la vie qu'ils méritent. Dans de trop nombreux pays, les actions de voyous, de seigneurs de guerre et des cartels de la drogue et trafiquants d'êtres humains retiennent la promesse de l'Afrique, asservir les autres à leurs propres fins.
L'Amérique ne peut pas mettre un terme toute seule à ces tragédies, et vous ne vous attendez pas à cela de nous. C'est une mission pour les Africains. Mais nous pouvons vous aider et nous vous aiderons. Je sais qu'il y a beaucoup de commentaires à propos de la présence militaire américaine en Afrique. Mais si vous regardez ce que nous sommes en train de faire, encore et encore, nous mettons du muscle derrière les efforts africains. C'est ce que nous faisons dans le Sahel, où les pays de l'Afrique de l'Ouest ont pris les devants pour maintenir la paix pendant que le Mali commence maintenant à se reconstruire. C'est ce que nous faisons en Afrique centrale, où une coalition de pays referme l'espace où l'Armée de la Résistance du Seigneur puisse opérer. C'est ce que nous faisons en Somalie, où une force de l'Union africaine, l'AMISOM, aide le nouveau gouvernement à se tenir debout sur ses deux pieds.
Ces efforts doivent aboutir à une paix durable, pas seulement des mots sur un papier ou des promesses qui s'estompent. La paix interne et entre le Soudan et le Sud Soudan, de sorte que ces gouvernements se consacrent aux travaux d'investir dans leurs populations très pauvres. La paix au Congo avec des nations respectant leurs engagements, de sorte que les droits tant réclamés soient enfin obtenus par les peuples de ce pays ravagé par la guerre, et que les femmes et les enfants ne vivent plus dans la peur. (Applaudissements) La paix au Mali, où les gens vont faire entendre leur voix par de nouvelles élections cet été. Dans chacun de ces cas, l'Afrique doit être le leader et l'Amérique aidera. Et l'Amérique ne fera aucune excuse pour soutenir les efforts africains pour mettre fin aux conflits et défendre la dignité humaine. (Applaudissements.)
Et cette année marque le 50e anniversaire de l'OUA, aujourd'hui Union africaine - une occasion qui est plus historique, parce que l'UA est en train de relever ces défis. Et je veux que l'Amérique prenne son engagement non seulement sur les questions de sécurité, mais aussi sur les questions environnementales - les questions économiques et les questions sociales, les questions d'éducation - je veux mettre cet engagement à un tout nouveau niveau. Je suis donc fier d'annoncer que l'année prochaine, je vais inviter les chefs d'Etat de toute l'Afrique sub-saharienne à un sommet aux États-Unis pour aider à ouvrir un nouveau chapitre dans les relations américano-africaines. (Applaudissements) Et comme je l'ai dit hier, je vais aussi organiser un sommet avec la prochaine promotion de notre « Young African Leaders Initiative », parce que nous voulons faire participer les dirigeants et les leaders de demain pour comprendre comment nous pouvons mieux travailler ensemble. (Applaudissements.)
Permettez-moi donc de conclure en disant ceci. Les gouvernements sont importants. Le leadership politique est important. Et j'espère que certains d'entre vous ici aujourd'hui décideront de suivre la voie du service public. Elle peut parfois être ingrate, mais je crois que cela peut aussi être une vie noble. Mais nous devons également reconnaître que les choix que nous faisons ne sont pas limités aux politiques et programmes gouvernementaux. La paix et la prospérité en Afrique et partout dans le monde, dépendent aussi de l'attitude des gens.
Trop souvent, la source de tragédie, la source de conflit implique des choix que les gens ordinaires font qui nous divisent les uns des autres - le noir du blanc, le chrétien du musulman, tel tribu contre une autre. L’Afrique contient une multitude d'identités, mais les nations et les peuples d'Afrique ne pourront pas atteindre leurs promesses tant que certains utiliseront ces identités pour justifier l'assujettissement – comme une excuse pour voler ou tuer ou priver les autres.
Et finalement, c'est la leçon la plus importante que le monde a appris ici en Afrique du Sud. Mandela a écrit: «Personne ne naît haïssant une autre personne à cause de la couleur de sa peau ou de son origine ou sa religion. Les gens doivent apprendre à haïr, et s'ils peuvent apprendre à haïr, on peut leur apprendre à aimer, car amour vient plus naturellement au cœur de l'homme que son contraire ". (Applaudissements.)
Je crois que c'est vrai. Je crois que ça a toujours été vrai - de l'aube du premier homme à la jeunesse d'aujourd'hui, et tous ce qui s’est produit entre les deux ici en Afrique – les royaumes qui sont apparus et ont disparu; le creuset de l'esclavage et l'émergence du colonialisme, la guerre insensée, mais aussi les mouvements emblématiques de la justice sociale; la dilapidation des richesses, mais aussi la possibilité des promesses.
Les paroles de Madiba nous donnent une boussole dans une mer de changement, une terre ferme au milieu de courants tourbillonnants. Nous avons toujours la possibilité de choisir notre meilleure histoire. On peut toujours comprendre cette importante décision - la décision que nous prenons lorsque nous découvrons en l’autre notre humanité commune. Ce choix nous est toujours disponible.
Et j'ai vu cet esprit dans les sourires accueillants des enfants sur l'île de Gorée, et les enfants de Mombasa sur la côte de l'océan Indien du Kenya. Cet esprit existe chez la mère dans le Sahel qui veut une vie digne pour ses filles, et en l'étudiant sud-africain qui brave le danger et la distance pour se rendre à l'école. Il peut être entendu dans les chansons qui montent des villages et des rues des villes, et il peut être entendu dans la voix confiante de jeunes gens comme vous.
C'est cet esprit, ce désir inné pour la justice et l'égalité, pour la liberté et la solidarité - c'est cet esprit qui peut éclairer la voie à suivre. Il est en vous. Et pendant que vous guidez l'Afrique à travers cette longue et difficile route, je veux que vous sachiez que vous trouverez toujours la main tendue d'un ami dans les Etats-Unis d'Amérique. (Applaudissements.)
Merci beaucoup. Que Dieu vous bénisse. (Applaudissements.)